Planification de la conservation des plantes
Cet atelier sera consacré à la planification afin de maximiser l’efficacité des efforts de conservation. L‘abondante diversité végétale, environ 391.000 espèces vasculaires et plus de 20.000 plantes inférieures (RBG Kew, 2016), fournit la production primaire nécessaire à la vie sur Terre. Ces ressources, pourtant essentielles pour la survie de l’humanité, sont menacées par notre mauvaise gestion de l’environnement. La biodiversité végétale – ses habitats, ses espèces et sa diversité génétique – est grandement menacée et cela, à un niveau jamais atteint auparavant. En effet, une étude publiée par Brummitt et al., en 2015 et utilisant des critères de la Liste rouge de l’UICN, estime que 20% des espèces végétales mondiales sont menacées d’extinction et 10% d’entre elles sont quasi-menacées.
Les plantes sont particulièrement vulnérables au changement climatique: leurs capacités de migration sont limitées, leur potentiel d’adaptation locale peut ne pas être en mesure de suivre la progression des changements en cours, beaucoup d’espèces ont de longs temps de génération et nous avons des connaissances limitées sur l’autoécologie et la synécologie des espèces.
La conservation des plantes vise le maintien de l’écosystème, de la diversité taxonomique et génétique des plantes et de leurs relations avec les autres organismes et l’environnement. Le développement des programmes de conservation cherche à améliorer ou à maintenir la diversité, à stopper les extinctions d’espèces et les pertes d’habitats et de diversité génétique. L‘atteinte de cet objectif implique une compréhension claire de la diversité et des processus biologiques, ainsi que la planification et la mise en œuvre de techniques opérationnelles pour parvenir à la stabilité taxonomique et génétique.
Les spécialistes de la conservation, lors de l’élaboration de projets, utilisent leurs connaissances en génétique, écologie, géographie, taxonomie, et dans de nombreuses autres disciplines, pour comprendre et gérer la biodiversité qu’ils souhaitent conserver. Pour conserver la plus grande diversité possible au sein d’une espèce, ses populations requièrent des mesures de protection sur divers sites au sein de son aire de répartition, et dans chacun d’entre eux, la mise en place d’une gestion qui maintient ou augmente la diversité au sein des populations cibles et entre elles.
La planification de la conservation des plantes se distingue des autres plans de conservation de la biodiversité par l’ampleur de la diversité taxonomique et de la gamme, largement inconnue, de la diversité génétique ciblées.
Pour palier à cette difficulté, des listes taxonomiques actualisées et des données de distribution des plantes sont disponibles pour la flore de certains pays. De plus, à un niveau plus global, les centres de diversité ont été identifiés permettant ainsi, l’utilisation de modèles de distribution d’espèces et de résilience climatique pour faciliter la planification des efforts de conservation.
Même si l’organisation de la diversité génétique au sein des taxons est mal connue, des techniques telles que la caractérisation de zones éco-géographiques (“ecogeographic land characterization”)(Parra-Quijano et al. 2012) et l’analyse des lacunes (“gap analysis”) utilisent des distributions éco-géographiques comme alternatives aux données de diversité génétique et sont de plus en plus utilisées pour planifier la conservation génétique des plantes.
En raison de l’importance de la diversité concernée, la planification implique souvent la conservation de multiples taxons dans diverses localisations géographiques en utilisant une gamme de méthodes in situ (zones protégées officielles / autres types de zones protégées in situ / fermes/ jardins familiaux) et ex situ (stockage in vitro/ stockage de semences/ Stockage d’ADN/ banque de gènes/ jardins botaniques). Pour de nombreuses espèces végétales, en particulier pour celles possédant une valeur socio-économique, il existe un lien étroit entre diversité génétique, conservation et utilisation.
Ce processus comprend une série d’étapes débutant par la planification de la conservation de l’étendue complète de la diversité génétique pour les espèces ou le groupe d’espèces végétales à conserver, la mise en œuvre des mesures de conservation et conduisant finalement à la caractérisation et à l’évaluation en tant que préalable à l’utilisation.
Cette approche est au cœur de la sécurité alimentaire, de la lutte contre la pauvreté et du bien-être de l’humanité. En tant que production primaire pour la vie sur la terre, les plantes fournissent des services écosystémiques inestimables et ont une grande valeur économique. Leur perte ou leur déclin en diversité est ainsi susceptible d’avoir de graves conséquences économiques, sociales et éthiques pour l’humanité. Il est donc essentiel de hiérarchiser les mesures de conservation en fonction de leur efficacité et de leur pertinence. Alors seulement, nous pourrons les mettre en œuvre et assurer ainsi, une utilisation continue et durable des ressources végétales.
Plus précisément, l’atelier de planification de la conservation des plantes abordera les sujets suivants: approche générale de la planification de la conservation des plantes; rôle des zones importantes pour les plantes en tant qu’outil de conservation; hiérarchisation taxonomique et géographique pour les mesures de conservation; approche écogéographique et techniques de “gap analysis”; modèles de distribution d’espèces; changement climatique et planification des mesures de conservation; présentation d’un outil de planification de la conservation des plantes en ligne; travailler avec les parties prenantes; contenu des stratégies de conservation et des plans d’action et planification de la conservation au niveau local, national, régional et mondial.